24

Quand je repris conscience, je me retrouvai en salle de réanimation ; une infirmière me prenait le pouls. J’avais mal dans la poitrine ; je respirais difficilement. Un masque à oxygène me recouvrait le nez. Et j’avais une faim de loup.

« Eh bien, fit-elle gaiement. On a fait un gros bobo à sa petite voiture ?

— Que m’est-il arrivé ? parvins-je à articuler.

— Le Dr Wintaub vous racontera le travail qu’il a fait sur vous, dit l’infirmière. Dès qu’on vous aura transporté dans votre chambre.

— Avez-vous prévenu… ?

— Votre femme est en route.

— Dans quelle ville sommes-nous ?

— Downey.

— Je suis loin de chez moi », dis-je.

Une demi-heure après qu’on m’eut conduit à l’étage dans une chambre à deux lits, le Dr Wintaub entra pour m’examiner.

« Comment vous sentez-vous ? demanda-t-il en me prenant le pouls.

— Une mauvaise migraine », répondis-je. Je ne me rappelais pas avoir jamais subi une telle migraine ; elle n’était égalée que par la douleur que j’avais éprouvée le soir où SIVA m’avait informé de la malformation congénitale de Johnny. Et ma vue semblait de nouveau atteinte, aussi.

« Vous avez traversé une rude épreuve. » Le Dr Wintaub tira les couvertures, inspecta mes pansements. « Vous avez eu le poumon perforé par une côte cassée, dit-il. C’est la raison pour laquelle nous avons dû ouvrir la cage thoracique. Vous êtes ici pour quelque temps, je le crains. Le volant de votre voiture vous a touché à la tête et a provoqué la majeure partie des dommages… » Il s’interrompit brusquement. « Qu’y a-t-il ? » demandai-je, effrayé par ce qu’il avait pu découvrir.

« Je reviens dans une minute, monsieur Brady. » Le Dr Wintaub quitta la chambre ; j’étais laissé à mes réflexions. Il revint alors accompagné de deux aides-soignants. « Je veux qu’on ôte ces pansements, déclara Wintaub. De même que ces éclisses. Je veux examiner la plaie. »

Ils se mirent à défaire les bandes avec une délicatesse extrême. Le Dr Wintaub observait la scène d’un œil critique. Je ne sentais rien, ni gêne ni douleur. Le mal de tête persistait ; tout se passait comme lors d’une migraine typique, avec une étincelante grille d’une lumière d’un rose extraordinairement intense dans mon œil droit, un champ de couleur trouble qui se déplaçait lentement de gauche à droite. « Voilà, docteur. » Les aides-soignants reculèrent. Le Dr Wintaub s’approcha ; je sentis ses doigts prestes me toucher la poitrine. « J’ai fait cette opération, murmura-t-il. Il y a environ deux heures. (Il examina sa montre.) Il y a deux heures et dix minutes.

— Pourriez-vous me regarder les yeux ? fis-je. C’est là que j’ai mal. »

Impatiemment, le Dr Wintaub me braqua une lampe dans les yeux. « Suivez la lumière du regard, souffla-t-il. Vous suivez très bien. » Il revint à ma poitrine. Aux deux aides-soignants, il déclara : « Emmenez-le en bas, à la section radio, et faites-moi une série complète de clichés du thorax.

— Pas de problèmes si on le bouge, docteur ? demanda l’un des aides-soignants.

— Soyez juste extrêmement prudents », dit Wintaub.

On me roula en salle de radio, où l’on prit des clichés de mon thorax, toute une série, à la suite de quoi on me reconduisit à ma chambre. Pendant mon attente en salle de radio, je m’étais débrouillé pour me relever suffisamment pour voir ma propre poitrine.

Une ferme ligne rose la barrait. L’incision avait cicatrisé.

Pas étonnant que le Dr Wintaub ait voulu faire immédiatement les radios ; il devait savoir si les dommages internes étaient eux aussi réparés.

Bientôt, deux médecins que je ne connaissais pas entrèrent et entreprirent de m’examiner ; ils avaient emmené des infirmières et de l’équipement. Je restai allongé sans mot dire, les yeux au plafond. Mon mal de tête avait commencé à se dissiper, ce dont je me félicitais, et ma vue devenait plus claire, hormis un halo résiduel de phosphènes roses. Compte tenu de ce que j’avais vu de ma poitrine, et sachant ce que les phosphènes roses signifiaient, je compris la situation. SIVA s’était occupé de mon cas, comme il s’était occupé de celui de Johnny, avec le maximum d’économie de moyens : intervention chirurgicale normale puis, sous l’influence du satellite et de ses émissions, rétablissement anormalement rapide. J’étais sans doute prêt à quitter l’hôpital.

En tout cas, il y avait un problème avec les toubibs. Ils n’avaient jamais rencontré un truc pareil.

« Quand est-ce que je pourrai sortir, à votre avis ? » demandai-je au Dr Wintaub lorsqu’il se présenta après l’heure du dîner ; j’étais assis dans mon lit et je mangeais un repas ordinaire. Je me sentais bien, maintenant. Le médecin s’en aperçut. Ça ne paraissait pas lui plaire.

« Ceci est un centre hospitalo-universitaire, dit-il.

— Vous voulez que les internes me voient ?

— C’est exact.

— La cage thoracique s’est réparée toute seule ?

— Complètement, pour autant que nous puissions en juger. Mais nous allons devoir vous garder sous observation ; il peut s’agir d’une guérison superficielle.

— A-t-on prévenu ma femme ?

— Oui, elle est en route. Je lui ai dit que l’opération avait été réussie. Monsieur Brady, avez-vous jamais été opéré auparavant ?

— Oui.

— A-t-on noté un taux de récupération hautement accéléré ? Une guérison des tissus exceptionnellement rapide ? »

Je ne répondis rien.

Le Dr Wintaub demanda : « Pouvez-vous expliquer cela, monsieur Brady ?

— Production hormonale, dis-je.

— Impossible.

— J’aimerais être autorisé à quitter l’hôpital, dis-je. Pour pouvoir rentrer chez moi ce soir avec ma femme.

— C’est hors de question, monsieur Brady. Après une opération d’une telle gravité…

— Je vous signerai une décharge, dis-je. Départ contre avis médical. Apportez-moi les formulaires.

— En aucun cas, monsieur Brady. Je ne coopérerai pas avec vous. Nous allons vous étudier jusqu’à ce que nous sachions ce qui s’est produit dans votre corps après l’opération. Quand on vous a ramené ici, un de vos poumons était presque…

— Apportez-moi mes vêtements.

— Non. » Le Dr Wintaub quitta la chambre. La porte se referma sur lui.

 

Je sortis de mon lit et explorai la penderie et les tiroirs. Pas de vêtements, à l’exception d’une robe de malade. Je l’enfilai. S’il le fallait, je m’en irais dans cette tenue. Ni le docteur Wintaub ni l’hôpital ne pouvaient me garder, compte tenu de mon rétablissement complet.

Ce rétablissement ne faisait aucun doute. Je le sentais dans mon corps, et j’en étais conscient dans mon esprit, aussi conscient que je l’avais été le soir où j’avais perçu la malformation congénitale de Johnny. Le seul problème qui se posait, c’était de rentrer. Et c’était un problème mineur. Je quittai la chambre d’hôpital et descendis le couloir en jetant un coup d’œil dans les chambres restées ouvertes, jusqu’à ce que j’en trouve une où il n’y avait personne. Les patients étaient sortis prendre un peu d’exercice après avoir fini de dîner. J’entrai dans la chambre et ouvris la penderie. Je n’y découvris qu’une paire de pantoufles en peluche, une robe de femme en tissu imprimé de couleurs vives avec décolleté plongeant dans le dos, et un turban en étoffe pastel. Il vaudrait mieux que j’aie l’air d’une femme, me dis-je ; c’est un homme qu’ils rechercheraient. Heureusement, la femme à qui ces vêtements appartenaient était fortement charpentée ; je parvins à les enfiler tous et, après avoir déniché une paire de lunettes noires dans un tiroir, je repartis dans le couloir.

Personne ne m’arrêta ni ne s’occupa de moi alors que je suivais le couloir vers la cage d’escalier. Quelques instants plus tard, j’étais parvenu au rez-de-chaussée et j’étais dehors sur le parking. Tout ce qui me restait à faire, c’était de m’asseoir sur un banc et surveiller les voitures qui arrivaient jusqu’à ce que j’aperçoive la Maverick de Rachel.

Je trouvai un banc en retrait, m’assis et attendis.

Après un intervalle de temps indéfini – ma montre avait disparu, soit qu’elle eût été détruite, soit qu’elle se trouvât dans le coffre-fort de l’hôpital – la Maverick verte se gara en hâte sur une place de parking et Rachel et Johnny en émergèrent, tous deux affolés et échevelés.

Quand Rachel passa au pas de course dans l’allée à hauteur de mon banc, je me levai et déclarai : « Allons-nous-en. »

Elle s’immobilisa et me considéra, stupéfaite.

« Je ne t’aurais pas reconnu, dit-elle enfin.

— Ils ne voulaient pas me laisser partir. » Je me dirigeai vers la voiture en lui faisant signe de me suivre.

« Tu peux t’en aller ? Je veux dire, tu te sens assez en forme ? Le médecin m’a dit que tu avais subi une grave opération du thorax…

— Je vais bien, dis-je. Le satellite m’a soigné.

— Alors le satellite est bien à l’origine de tes expériences.

— Ouais, fis-je en montant dans la voiture.

— Tu as effectivement l’air en bonne forme physique… Mais tu as vraiment une drôle d’allure avec ces vêtements-là.

— Tu pourras récupérer mes affaires personnelles demain, dis-je en claquant la portière derrière moi. Salut Johnny, lançai-je à mon fils. Tu reconnais Papa ? »

Mon fils me regarda avec aigreur et méfiance.

« Le satellite aurait pu te fournir de meilleurs vêtements, fit Rachel.

— Je ne crois pas qu’il se charge de ça. Il faut trouver ça soi-même. C’est ce que j’ai fait.

— Tu aurais peut-être dû patienter jusqu’à ce qu’il ait une idée », dit Rachel. Elle me lança un regard en sortant du parking de l’hôpital. « Je suis contente que tu ailles bien. »

Alors que nous nous acheminions vers l’autoroute, je me dis en mon for intérieur que j’avais certainement reçu des instructions pendant que j’étais sous anesthésie. SIVA avait-il arrangé mon accident pour pouvoir me parler ? Non, SIVA avait dirigé ma remise sur pied pour pouvoir œuvrer à travers moi. Il avait profité d’une situation néfaste pour en tirer quelque chose : la meilleure conversation que nous ayons jamais eue et que nous n’aurions sans doute jamais. Mon savoir actuel est illimité, pensai-je. Les pièces principales sont en place. Quel ravissement que de nous retrouver, SIVA et moi ! Le père et le fils, de nouveau réunis. Après des millénaires. Leurs relations rétablies.

Mais je comprenais quelque chose d’autre, qui n’était pas positif. Nous n’avions pas vraiment une chance de destituer Fremont. Pas vraiment. Grâce à ma position chez Progressive Records, nous pouvions faire quelque chose ; nous pouvions répandre ce que nous savions sous forme subliminale dans un trente-trois tours, enfoui dans les arrangements et les textes des choristes, mêlé aux superpositions de sons que nos tables de mixage nous permettaient d’obtenir. Avant que la police ne nous coince, nous pouvions révéler ce que nous savions, Sadassa et moi, à des centaines, des milliers ou même des millions d’Américains. Mais Ferris Fremont resterait au pouvoir. La police nous anéantirait, fabriquerait des contre-documents et des contre-preuves ; nous disparaîtrions et le régime survivrait.

Pourtant, ça valait le coup de le faire. J’en avais la certitude absolue ; c’était SIVA qui avait déclenché tout cela, et SIVA ne pouvait pas se tromper. Il ne nous aurait pas réunis, Sadassa et moi, il ne m’aurait pas submergé d’informations et de secours si ça n’en avait pas valu la peine. Et pour que ça en vaille la peine, il n’était pas nécessaire que nous remportions une victoire complète. Nous n’avions besoin que d’un certain type de victoire, dans les limites du raisonnable. Nous pouvions, peut-être, déclencher un processus que d’autres, plus nombreux et plus puissants, mèneraient à son terme un jour futur.

La volonté de SIVA ne s’accomplissait pas complètement sur terre. C’était le royaume de l’ennemi, du Prince de ce monde, SIVA ne pouvait que travailler à l’intérieur de ce monde, travailler avec un mince reliquat d’individus ; il était le parti minoritaire, ici ; il s’adressait d’une voix encore modeste à un homme ou une poignée d’hommes, depuis le maquis, pendant les heures de sommeil ou au cours d’une opération. Il finirait par gagner. Mais pas maintenant. Ces temps n’étaient pas ceux de la fin, après tout. Les temps de la fin étaient toujours sur le point d’arriver mais n’étaient jamais là, ils étaient toujours proches et nous influençaient mais ne se réalisaient jamais.

Bon, conclus-je, nous allions faire de notre mieux. En sachant avec foi que ça valait le coup.

Alors que nous roulions, je dis à Rachel. « J’ai rencontré une fille. Il faut que je travaille avec elle. Il se peut que tu n’approuves pas – il se peut que personne n’approuve, mais ça doit être fait. Ça peut nous détruire tous. »

Rachel, qui conduisait avec prudence, demanda : « C’est SIVA qui te l’a dit ?

— Oui.

— Fais ce que tu as à faire, fit Rachel d’une voix basse, tendue.

— Je le ferai », dis-je.

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